Thibault Philip est un designer expérimental dont la pratique inclut les objets du quotidien, les sculptures fonctionnelles et l'art contemporain. Il est diplômé d'un master en design de l'École Européenne Supérieur d'Art de Bretagne à Rennes où il développe une approche radicale et manifeste des matériaux biologiques, approche basée sur la valorisation des déchets agroalimentaires.

Fortement influencé par le design hollandais, notamment après avoir travaillé pour Nacho Carbonell, le designer nous invite à entrer dans une matière incomprise pour interroger notre rapport au vivant sous sa forme la plus pure, démontrant que ce qui semble répugnant par connotation peut avoir des valeurs à la fois esthétiques et techniques. Dans une approche exploratoire, Thibault Philip utilise l'intestin jusqu'à sa constitution chimique. Le travail du designer est exempt de tout élément pétrochimique, dans un principe cradle-to-cradle.
Thibault Philip cherche à présenter une face cachée de la réalité. L'animal est riche de contexte et d'histoire. Du jargon du boucher au conte des trois petits cochons en passant par l'architecture ferroviaire parisienne ou américaine qui transportait les animaux jusqu'aux abattoirs, ce sont autant de pistes qui guident la formalisation de son travail. Cette pratique repose sur l'omniprésence du porc dans la vie quotidienne (filtres à cigarettes, bière, béton, plâtre, papier de verre...) sous forme de gélatine, de cendre ou de graisse. Thibault Philip n'utilise que des intestins rejetés lors des procédés industriels, car ils ne correspondent pas aux qualités attendues, et s'inspire de savoir-faire archaïques comme l'artisanat et la considération des gisements environnants. Fortement inspiré par les Inuits, il voit dans leur triangle nature/culture/production un modèle vertueux.